Le trône de fer, Intégrale 1 • George R. R. Martin

16:35:00

Chronique littéraire Le trône de fer Intégrale 1 par Mally's Books
La première fois que j’ai regardé Game of Thrones, je n’ai pas du tout été convaincue. J’ai vu des morts-vivants, des pseudos guerriers sanguinaires et ma première réaction a été « Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien trouver à cette série ? ». Car oui, à l’époque j’étais encore une irréductible qui « n’accrochait pas ». Puis quelques années après, on m’a remis sur la voie, présenté les choses de manière différente. J’ai essayé à nouveau. Les premiers personnages sont apparus, affublés de leurs démêlées politiques et sentimentales, et là mon regard a changé.
J’ai eu la même sensation lorsqu’en attaquant le livre je suis tombée sur le prélude. Une désagréable impression que la menace arrivait : Winter is coming. Mais passé les premières pages, j’ai su que cette saga serait pour moi un indispensable, tout comme l’est la saga des Rougon-Maquart. Oui, la comparaison peut paraître étrange, mais comme quoi, quand c'est bien écrit, on ne catégorise pas.


La quatrième de couverture…


"Après avoir tué le monarque dément Aerys II Targaryen, Robert Baratheon est devenu le nouveau souverain du royaume des Sept Couronnes. Tandis qu'en son domaine de Winterfell, son fidèle ami, Lord Eddard Stark rend paisiblement la justice.
Mais un jour, le roi Robert lui rend visite, porteur de sombres nouvelles : le trône est en péril. Stark, qui s'est toujours tenu éloigné des affaires du pouvoir, doit alors abandonner les terres du Nord pour rejoindre la cour et ses intrigues. L'heure est grave, d'autant qu'au-delà du mur qui protège le royaume depuis des siècles, d'étranges créatures rôdent..."


Mon avis…



Ce qui me plait dans ces deux univers complètement différents, c’est l'ascension, les luttes de pouvoir, le rapport à la morale, le recours à la violence… En deux mots : la loi du plus fort. Alors pourquoi m’entêter à lire un pavé de 800 pages alors que cela ne représente qu’une saison de la série ? Parce que si les premières saisons sont fidèles aux premiers ouvrages, la suite diverge et ma curiosité me pousse à savoir comment George R.R Martin a choisi de faire évoluer ses personnages par rapport aux choix des scénaristes de HBO. Me plonger pleinement dans cet univers est devenu une nécessité pour en saisir tous les aspects. Game of Thrones a su s'ériger comme un pilier de la culture populaire du XXIème siècle, ce qui fait de l'histoire un classique de la littérature contemporaine, au même titre que Le seigneur des anneaux. Et bien que je n’en sois pas forcément une adepte, je me dois de reconnaître que la littérature fantastique est une source d’imaginaires inépuisable. Probablement l’un des genres littéraires les plus riches de notre époque.


L’aventure épique du Trône de fer


A la lecture du premier livre et sans avoir connaissance de la série, le lecteur n'imagine pas dans quelle épopée il plonge. Car c'est bien d'une épopée dont on parle.

Par définition, l’épopée est caractérisée par le récit d’exploits d’un héros se devant de surmonter maintes épreuves, guerrières comme intellectuelles, pour atteindre ses objectifs. Le trône de fer en reprend allégrement les codes, tout d’abord en intégrant le concours de divinités supérieures tels que les Dieux anciens et les nouveaux Dieux pour régir les lois des hommes. La notion de voyage est également prédominante, aussi bien dans la traversé de Westeros par les différentes maisons parties en guerre, que par la chevauchée de Daenerys en Mer Dothrak. Elément fondateur de l’épopée, la quête -de la couronne, de la justice, etc…- est au centre du Trône de fer.
Culturellement, l’épopée a une forte dimension fondatrice et ici associée au fantastique, c’est tomber dans le registre des contes et légendes, jadis racontés au coin du feu. L’intelligence de Martin est de mener une réflexion 360° du monde qu’il a créé en justifiant l’aspect psychologique de ses personnages, et leurs motivations grâce aux mythes fondateurs des Sept Couronnes.
Si l'on regarde l'œuvre dans sa globalité, on voit clairement que les deux premiers livres de l'intégrale 1 marquent le début du schéma narratif. Le premier livre, Le trône de fer, plante le décor. Le second, Le donjon rouge, est l'élément déclencheur d’une longue, très longue série de péripéties.


Qui est le héros ?



Qui dit épopée dit héros. Mais difficile d’identifier le sauveur du royaume au milieu de tous ces personnages. Pour autant, la force du récit de Georges R.R Martin réside bien dans la multiplicité des protagonistes. En confrontant plusieurs points de vue pour faire avancer le récit, l’auteur créé une véritable toile de perception aussi riche que complexe.
Alors que la série s’attache davantage aux actes, le livre, dans cette intégrale principalement centré sur la vision des Stark, nous fait entrer bien plus profondément dans l’intimité des personnages en accentuant leurs traits de caractère. L’incertitude de Jon Snow, la sauvagerie d’Arya, l’honneur d’Eddard, la constance respectueuse et naïve de Sansa, la fougue impétueuse de Robb, la réserve de Bran et l’opiniâtreté de Catlyn. En filigrane s’ébauche la chute d’une famille enchevêtrée dans ses principes et ses idéaux, au profit de l’opportunisme sournois, mais néanmoins efficace des Lannister.
Malgré le traitement paradoxalement archaïque des femmes dans le récit, on se réjouit de découvrir que les principaux personnages féminins ont tous pour trait commun la ruse et l’obstination.
La folie des humains est au centre de cette saga, mais les animaux y tiennent aussi une place importante. Bien souvent pris pour emblème par les anciennes maisons des Sept Couronnes, ils apparaissent comme le lien indispensable à la nature, le retour aux sources. Chez les Stark, le loup-garou joue un rôle encore plus particulier. Plus qu’un simple animal de compagnie, les loups des enfants Stark représentent le véritable prolongement de leurs propriétaires et révèlent les instincts primitifs enfouies en chacun d’eux.
Sans même avoir découvert la série, on s’attache naturellement à certains personnages : Arya, Jon, Daenerys, Tyrion, Robb… Mais on sent d’ores et déjà qu’une seule et même personne fera basculer le destin des Sept Couronnes. La question reste en suspens : Qui ? Par expérience, le héros de l'épopée prend généralement part à un long voyage ou une quête ambitieuse, affronte les adversaires qui s’acharnent à tenter de le défaire, à vouloir l’empêcher de poursuivre son voyage, et finit par rentrer chez lui, considérablement transformé par son voyage. Dans ce premier intégral, Daenerys Targaryen semble toute désignée pour endosser le rôle d’héroïne. Mais on sent dès lors que Jon Snow, à la recherche de vérité pourrait lui aussi faire tomber des barrières insoupçonnées.


Amour, gloire et épées !



Comme dans toute saga, Le trône de fer présente beaucoup d’informations à assimiler : les maisons, leurs emblèmes, les royaumes, les liens de parenté, etc.
De A à Z, l’auteur créé un univers complet mêlant politique, alliances entre ces grandes familles, guerres, secrets et trahisons ; tout cela dans un paysage hostile et envoûtant. Tout au long de l’ouvrage Martin joue sur les ambivalences : le nord vs le sud, les Dieux anciens vs les Nouveaux Dieux, les enfants légitimes vs batards, la confiance vs la méfiance, l’honneur vs l’opportunisme, le bien vs le mal… etc, de sorte que chacun peut se reconnaitre dans une partie de l’univers et nous invite implicitement à prendre parti. L’intelligence de l’écriture est de passer d’une vision générale du royaume au microcosme particulier d’une famille de nobles. Par petites touches, l’auteur monte une intrigue passionnante et toujours étonnante.

Pour résumer…


L’intégrale 1 de la saga Le trône de fer est une vaste introduction de l’histoire qui va suivre. Une introduction particulièrement longue et éprouvante qui pourrait en rebuter certains, c’est pourquoi, pour une fois, je serais tentée de dire que commencer par la série est un bon moyen de s’attacher à l’histoire. Personnellement, cela m'a permis de bien m'y retrouver niveau personnages. Quel dommage de passer à côté de ce monument de la littérature par peur du pavé ! D’autant que lecture et visionnage on des aspects complémentaires qui ne sont pas de trop pour bien comprendre l'histoire. L’inventivité de George R.R Martin a permis de créer une œuvre d’une incroyable subtilité ce qui la rend complètement addictive.

Ma note…


17/20

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